Elle a été influencée par de nombreuses mouvances musicales des années 90, dont la musique Fusion et le Métal. Avec des artistes (et des groupes) tels que The Mars Volta, Björk, Soundgarden, Deftones, Queens of the Age ou encore Rage Against the Machine… Victoire Cartagena a su se construire, au fil du temps, un répertoire musical éclectique et sans aucun compromis ! Devenue une fan inconditionnelle de High Tone par la suite, Victoire s’est rapidement tournée vers la Bass music… Et plus précisément vers la Drum & Bass !
C’est notamment à cette époque qu’elle découvrit le son de Netsky, Andy C, Ed Rush ou encore Dj Hidden… Peu de temps après l’effervescence de ses premières soirées parisiennes, Victoire Cartagena, de son nom de scène Tikal commença véritablement à se passionner pour le Dubstep. Dès lors, elle s’orienta vers une variante un peu plus « Deep » de ce genre de musique électronique…
Introduction :
L’état d’esprit, le rythme inhérent à ces soirées, ce mode de vie alternatif… C’est ce qui donnera finalement à la jeune Seine et Marnaise, la motivation nécessaire afin de repousser toujours un peu plus, les limites de ce genre musical et de son exploration vers d’infinies possibilités. C’est d’ailleurs quelques années plus tard qu’elle commença à mixer sous le pseudonyme de Tikal… Mais ce n’est pas tout ! En 2017, l’artiste créa le collectif Tribal Garden, dont la première installation eut lieu lors du festival « Pour Un Autre Monde ». Le collectif y posa son spot Chill Out typé de musiques Chill et alternatives, le tout dans un style et une déco inspirée des camps nomades & ethniques.
La musique électronique by Victoire Cartagena, aka Tikal, c’est un mélange de Chill Bass & Deep Dubstep qui s’éloigne pas mal de l’état d’esprit Dancefloor, tout en gardant une empreinte sonore tribale, parfois même obscure, avec de véritables infrabasses, magnifiques et intenses… Pour Tikal, chaque set est censé raconter une histoire, dans laquelle le spectateur (ou l’auditeur) est lui-même immergé avec l’artiste ; une expérience sonore tantôt introspective, tantôt puissante et envoûtante, une vibe’s au top du top, qui nous permettra à toutes et à tous, de nous reconnecter un peu plus avec nous-mêmes et avec les autres…
Bienvenue dans l’univers musical de Victoire Cartagena, aka Tikal !
Sans transition, place à l’interview !
Hey Salut Victoire ! Je suis très heureux que tu aies accepté de jouer le jeu de l’interview pour LeDiscographe.fr^^ ! Ça fait super plaisir, et comme tu le sais déjà, on va faire les choses en grand pour cette seconde interview de l’année sur LDCG.FR, avec un premier dossier te concernant typé « portait » sur le blog, à l’écrit donc, et un autre, qui sera plus axé sur ton actualité et tes projets pros/perso. Et cette deuxième partie du dossier, elle sera en audiovisuel, sur le Chanel YouTube officiel du blog LeDiscographe.fr ! Mais commençons par le commencement, si tu veux bien^^ !
Dans un premier temps, je voulais savoir ce que tu pensais de cette petite introduction, que j’ai remaniée spécialement pour l’occasion ? Est-ce qu’elle te représente bien ? Et histoire de compléter tout ça, notamment pour les gens qui ne te connaissent pas encore, pourrais-tu nous parler un peu de toi, revenir un plus en détail sur ton parcours musical ?
Salut merci à toi, je suis ravie de pouvoir participer à l’une de tes interviews ! Ça fait super plaisir ! Rien à redire sur ton introduction, c’est un résumé de ma compréhension de la musique et de la raison qui m’a poussée à être DJ.
Tu sais, quand j’étais plus jeune, vers 12, 13 ans, je commençais sérieusement à me détacher des hits Nrj, de la musique R&B et des clips de la chaîne MCM qui tournaient en boucle à la télévision (rire). Même s’il y avait des choses intéressantes, je ne me suis jamais retrouvée dans la masse et l’engouement pour ces musiques populaires, pour moi la musique, c’était vraiment mon monde idéal qui me permettait de me réfugier, me réconforter, ressentir, comprendre et m’accompagner dans la vie…
C’est tellement fou de me dire que dès le collège, j’écoutais déjà des trucs chelous aux yeux des autres haha, à force de passer mon temps à rechercher de la musique (vive les années 2000 et les ordinateurs)… Aujourd’hui je suis fière d’avoir su développer une sacrée bibliothèque musicale – seule – et d’avoir su élargir ma vision du monde aux travers de multiples univers musicaux tous plus complexes les uns que les autres, mais surtout totalement hors normes !
Je pense que le groupe qui m’a le plus marqué à cette époque de construction de ma préadolescence, c’est le groupe The Mars Volta, notamment l’album De-Loused in comatorium sortie en 2003, cet album est absolument magnifique, sincèrement quand tu arrives à comprendre chaque album de ce groupe, ou en tout cas le ressentir profondément, tu ouvres de sacrées portes dans ton esprit, il y a un réel impact qui se crée… Pour toujours !
Enfin… pour moi c’est ce qui s’est passé ! Mes influences musicales étant ado et enfant m’ont forgé et m’ont permises d’être qui je suis aujourd’hui, ça fait partie de moi. Alors c’est vrai que j’ai l’impression d’être un ovni de temps en temps, mais au final c’est assez drôle d’être en décalage ! C’est vraiment bien plus tard que j’ai rencontré d’autres extraterrestres dans mon genre.
Ces derniers temps, j’ai fait de belles découvertes en musique fusion et progressive, notamment avec un très bon groupe du début des années 90, qui s’appelle Ozric Tentacles ! C’est dans le genre rock psychédélique, jazz fusion, Space Rock, Electronic, world… C’est très « pointu » comme musique, tu ne peux pas passer à côté de ce groupe !
Cet esprit « Music Digger » et l’envie de partager sont restés aujourd’hui, ça me passionne, c’est certainement l’une des raisons qui m’ont poussée à être DJ !
Excellent ! Et donc, qu’est-ce qui t’a véritablement poussé à te focaliser dans le registre Bass Music plutôt que dans un autre style de musique électro ? Est-ce juste une histoire de goûts et de couleurs ? Est-ce le fait d’avoir été pas mal axée Métal et Rock avant de te pencher sur des sonorités plus… électroniques ?
J’ai toujours eu le besoin de renouveler mon répertoire musical, je n’aime pas tourner en rond haha. En Rock, Métal, ou Fusion, lorsque j’étais plus jeune, je n’arrivais plus vraiment à trouver des groupes inspirants pour moi… C’était souvent la même chose, alors je suis passé à des trucs beaucoup plus calmes.
Je pense que j’en avais besoin à cette période, j’écoutais pas mal Bonobo par exemple, puis avec les grosses découvertes des albums de High Tone j’ai très vite basculé vers la musique électronique (un peu plus expérimentale), et j’ai développée une sensibilité aux sonorités Bass… J’ai aussi eu la chance de rencontrer un ami anglais qui m’a fait découvrir la Jungle et la Drum and Bass, alors… J’ai continué dans cette direction !
Mais un élément qui a été sacrément déclencheur pour moi, ce sont les soirées Bass Music de l’époque, à Paris. Ces soirées m’ont émancipée en tant que personne, surtout les premières, déjà parce que musicalement, c’était de la bombe, mais en plus, l’état d’esprit inhérent à ces soirées était véritablement positif et mémorable ! Moi qui étais une personne très discrète, réservée et un peu cachée dans son monde sensible et un peu sombre, et bien… Il y a eu comme un vent de fraîcheur et de renouveau qui s’offrait à moi ! J’y ai rencontré des personnes formidables, et je me suis plongée encore plus dans l’univers de la Bass Music !
Cool^^! Tu es l’une des rares artistes féminines que j’ai eu l’occasion de découvrir récemment et qui plus est, d’interviewer pour le blog LeDiscographe.fr. Du coup, je voulais te demander, quelle est ta vision de la musique électronique underground, alternative et indépendante en 2022 et pour les prochaines années ?
Je pense que l’on retrouve de plus en plus de diversité musicale au sein d’événements de musique électronique. Aujourd’hui, il y a une dimension plus large de la musique et de ce qui représente la société actuelle. Il y a une réelle volonté de proposer une programmation plus éclectique en France et ça, c’est positif !
Selon moi, il faut prendre en considération que ce milieu ne doit pas être un business hyper dirigé vers l’argent ou l’appartenance à une musique commerciale parce que c’est une affaire qui marche… J’ai souvent était déçue de certains artistes que j’écoutais à l’époque et qui maintenant, préfèrent faire la même chose ou transformer leur production en hit Dancefloor et aux sonorités hyper commerciales, c’est assez triste de diriger sa carrière de producteur ou de DJ de cette manière. On ne doit pas oublier qui l’on est et pourquoi on le fait…
Je pense que les programmateurs et les organisateurs de soirées, de la Free Party, des clubs ou des festivals ont un rôle important à jouer dans tout ça. C’est aussi à nous de transmettre la diversité de la culture underground, alternative & Chill Out… ! Moi en tout cas ça m’a transformé et c’est grâce à ça que j’ai réussi à trouver ma place dans la société. Avec l’association Tribal Garden, on a vraiment à cœur d’offrir cette diversité musicale au public et de mettre en avant des artistes peu représentés dans le milieu, notamment lors de nos événements : on doit se serrer les coudes !
Je suis tout a fait d’accord avec toi, Victoire ! Et d’ailleurs, que penses-tu de la parité hommes/femmes dans le monde de la musique électronique ? Il y a quand même plus d’hommes que de femmes dans ce milieu non ? Qu’est-ce qui devrait être amélioré d’après toi ?
Oh oui je pense aussi qu’il y a beaucoup plus d’hommes que de femmes dans ce milieu, je trouve cela bien dommage, sur beaucoup de programmation il n’y a effectivement pas assez de femmes. Les réseaux sont assez fermés et j’ai l’impression qu’il n’y a pas de réelle volonté à chercher des DJ ou productrices féminines malgré ce souci de parité. Mais je pense aussi que pour beaucoup de femmes, se lancer est souvent très difficile, ce que je peux comprendre, on peut facilement se sentir illégitime d’y trouver sa place. Mais le plus important, c’est vraiment d’aller au bout de ses projets et de suivre son cœur et ce qui nous fait vibrer par-dessus tout !
J’invite toutes les femmes à se réaliser dans ce domaine musical si elles le souhaitent réellement !
Victoire Cartagena aka Tikal pour LeDiscographe.fr
Pour ma part, j’ai évolué en tant que DJ dans des environnements super bienveillants. Ce n’est vraiment pas facile de s’imposer dans une programmation en proposant un style totalement différent et inconnu au bataillon (rire), mais bon, apparemment ça marche ! Généralement j’ai des retours super positifs et bienveillants du public après un set, ça me donne envie de continuer, j’ai la sensation d’avoir offert un beau moment à ces gens et que quelque chose de spécial s’est passé en eux, le mix me permet de transmettre un message positif aux autres et aussi à moi-même.
En fait je pense qu’il ne faut pas trop se prendre la tête et oser être qui on est ! C’est peut-être ça la clé ?
Alors justement, tu mixes, tu as des projets musicaux… Et tu gères ce collectif ! Tu peux nous en parler un peu ?
Je pense que je suis d’abord une grande chercheuse de musique, cela m’a naturellement amené à devenir DJ. J’aime raconter des histoires sonores, parfois j’ai plutôt l’impression d’être une conteuse qu’une DJ ! J’aime l’idée du récit introspectif et le côté progressif du mix. Le Deep Dubstep & Chill avec des sonorités tribales, c’est plutôt mon créneau, c’est pour ça que le style de musique que je mixe peut autant s’adapter sur des scènes Chill Out qu’alternatives.
Concernant le pseudo Tikal, c’est en lien avec mon pays d’origine, le Guatemala ! J’y suis retournée il y a quelques années, et ce sont les ruines mayas du parc national de Tikal qui m’ont le plus marqué. Je trouve l’histoire de cette civilisation fascinante, cette connexion à mes origines est importante pour moi, je pense arriver à retranscrire ce sentiment dans certains de mes sets.
Victoire Cartagena, aka Tikal, pour LeDiscographe.fr
Le Tribal Garden, c’est une grande histoire d’amour ! L’idée, à la base, c’était de réaliser un espace Chill au festival « Pour Un Autre Monde », un festival engagé et altermondialiste basé en Seine-et-Marne. L’autre monde pour moi, ce sont aussi les peuples autochtones et leur perception d’un monde en harmonie avec la Terre, la tribu. Au début, ce mot « Chill Out » ne signifiait pas grand-chose aux yeux des autres, disons que quelques canapés et tables basses faisaient l’affaire… Mais ça ne s’est pas passé comme ça, le projet a pris de l’ampleur en devenant une scène à part entière, mélangeant différents horizons musicaux.
Grâce aux acteurs du Festival « Pour Un Autre Monde » et tous ces réseaux de personnes passionnés, le projet s’est réalisé trois années consécutives ! Actuellement, nous sommes trois membres au sein de l’association, il y a Valérian qui est producteur, DJ et vidéaste, Laurianne scénographe et modeleuse 3D. Nous sommes invités par divers organismes pour monter cet espace Chill alternatif et immersif afin de créer une complémentarité à leurs événements.
Pour nous, c’est un espace socioculturel avec un esprit mini village tribal permettant l’émancipation de la musique Chill Out & alternative avec des valeurs bienveillantes. J’ai aussi un projet live Ambiant « Tikal Sound Healing » avec des instruments à sonorités vibratoires ! J’aime beaucoup ce côté Chill, purement méditatif et contemplatif en lien avec les éléments de la Terre.
Ouais c’est stylé comme concept^^! Sur lediscographe.fr, on adore parler chiffon NDLR^^ ! Nan en vrai, j’aimerais savoir quel est ton set-up pour le mix et/ou la production musicale/le Live ?
Je mix avec un DDJSR de pionner et j’ai comme logiciel Serato.
Je crois savoir que tu es une grande fan’ des labels Samurai Music, Innamind Recordings, Artikal (j’adore ce label), Foundation Audio, Subaltern Records…. ? t’en as d’autres à nous conseiller en matière de Bass Music ?
Je peux vous conseiller le label Weaponry et Zodiac Music, dans la continuité de Samuraï Music, alors le style Drum and Bass bien deep et tribal me rend complètement dingue ! Un registre totalement différent, et extra, c’est le label Chord Marauders, avec : Geode, B9, Congi… Super Chill, super UK, Super Creamy : un régal, c’est délicieux, je ne m’en lasse pas. Sinon le label Indigo Movement, très beau label, tendance Chill, Deep, Ambient, Dubstep, très belle vibe, j’aime beaucoup ! Avec l’un de mes tracks préférés de tous les temps que je joue très souvent…
J’ai également constaté que tu faisais de la photo. C’est une discipline que tu pratiques beaucoup ? Ou est-ce que tu fais ça plutôt « à côté » de tout ce qui est musique électronique ?
J’ai commencé à pratiquer la photographie lorsque j’ai découvert l’univers des musiques électroniques à travers les clubs, les Free party, les teknivals, les raves ou encore les festivals. J’aime beaucoup les arts qui sont en lien avec la culture underground ! La photo, pour moi, a été un moyen de découvrir différents réseaux et de poser une certaine vision et une certaine beauté vis-à-vis de ce que je vivais à ce moment-là.
Pour moi cette démarche s’assimile plutôt à de la photo sociale ou nocturne. Ce que je préfère, ce sont les ambiances colorées qui peuvent faire penser à la culture clubbing et du monde de la nuit, je trouve ça intéressant et inspirant. Ca m’arrive aussi de faire quelques shootings. J’aimerais pratiquer cette discipline plus souvent, notamment en Free party, mais je t’avoue avoir un peu de mal à être sur tous les fronts, alors de temps à autre… C’est déjà pas mal NDLR^^!
Et pour finir, un petit quiz musical !
Un morceau pour bien commencer la journée ? → Emma Ruth Rundle — Marked for Death
Un morceau après une bonne journée shooting photo ? → Dubnotic – — Hammam
Un morceau pour retourner le Dancefloor ? → Artilect — FK (feat Quartz)
LE morceau qui représente le mieux la Bass Music pour toi ? → Skream — Midnight Request Line
Un morceau que tu pourrais mixer en boucle ? → Imanzi — Samburu Chant
OK ! On va s’arrêter là pour la partie « portrait », histoire d’en garder sous le coude pour la partie audiovisuelle de ce superbe dossier qui t’es 100 % consacré ! Du coup, je te laisse le mot de la fin !
Merci à toi de me permettre d’exprimer un peu plus qui je suis aux travers cet interview ! En tout cas j’ai vraiment été sincère et j’ai pris plaisir à te raconter tout cela. Une immense gratitude à tous ceux qui me soutiennent et à bientôt !
Les liens utiles :
- La page officielle de l’artiste !
- Le portefolio de Victoire Cartagena !
- La page officielle du Tribal Garden !
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Klark D. pour LeDiscographe.fr