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Interviews exclusives

[VØSNE] L’interview exclusive

Deep grooves for Hypnotic Lovers !

VØSNE, c’est l’artiste parisien aux multiples talents. Outre son habilité quant au maniement de ses nombreuses machines, et son ingéniosité en matière de montages vidéos, ses influences musicales axées Deep, Dub ou encore Minimal Techno, vous transporteront au travers de son univers artistique, avec classe et originalité. Ses podcasts, disponibles sur la plateforme YouTube, ne sont que très rarement égalés… Et pour cause : ils sont modernes, novateurs et réalisés avec brio ! Ils mettent en valeur la musique électronique au travers de l’image : c’est tout autant agréable à écouter, qu’intéressant à regarder. C’est donc avec grand plaisir, cher lecteur, chère lectrice que je partage avec toi l’interview exclusive de cet artiste français hors du commun !

Je tenais tout d’abord à te remercier Vincent, pour le temps que tu as consacré à cette interview. C’est un véritable plaisir que de pouvoir discuter avec toi ! Il me semble que ce n’est d’ailleurs pas ta première interview sur la toile ces derniers douze mois…

Alors, Vincent, parle-nous de toi, de ton parcours musical au sein de la mouvance électro. Ça fait combien d’années que tu composes ?

J’ai un parcours assez classique : pour commencer, des cours de piano et de solfège que j’ai débuté à l’âge de six ans et poursuivis pendant une quinzaine d’années. Au lycée je jouais du clavier dans un groupe où l’on partageait une passion commune pour le rock 60-70’s, puis la musique électronique et les soirées ont pris de l’ampleur en France au milieu des années 90, au moment où je commençais ma vie d’étudiant. Dans la continuité de cet environnement (soirées étudiantes, raves parties, etc.), j’ai commencé à expérimenter sur PC un peu avant les années 2000. C’était les débuts de la démocratisation de la MAO et c’était un bon moyen d’expression musicale pour pallier à l’absence du piano, qui était resté chez mes parents.

Les choses un peu plus sérieuses ont commencé en 2001, à l’occasion de la sortie de mon 1er EP au format vinyle. Rapidement, d’autres EP et bookings ont suivi, notamment avec les membres du label sur lequel je sortais mes morceaux. En 2003, j’ai eu l’opportunité professionnelle de me consacrer entièrement à la musique, ce qui coïncidait avec la sortie de mon album et de mes premières dates à l’étranger, notamment en Allemagne, au Canada et au Japon.

Après ça, pendant une dizaine d’années, avec différents styles et projets musicaux, de la House à la Techno, j’ai eu la chance de pouvoir jouer ma musique sur tous les continents, en clubs, comme en festivals, en compagnie de DJ et Lives de renom, pour quelques centaines ou plusieurs milliers de personnes. Vers 2010, d’autres opportunités professionnelles ont peu à peu pris le pas sur la musique et celle-ci est redevenue progressivement un hobby. Si l’on ne s’y consacre pas pleinement, ça devient vite difficile de gérer une carrière professionnelle artistique dans laquelle on se doit d’être à la fois créatif et entrepreneur.

Oui, je suis tout à fait d’accord avec toi… Je sais ce que c’est ! Du coup, tu ne t’es pas spécialement orienté vers le mix à tes débuts ?

Non, j’ai toujours composé ma musique. Le mix est venu après par obligation professionnelle, lorsqu’on me demandait de jouer un DJ set. Avec l’avènement du logiciel Ableton Live, vers 2005, j’ai d’ailleurs immédiatement abandonné les platines pour construire des livesets hybrides sur PC, sous l’impulsion de ce que faisait Richie Hawtin pour son album DE9 — Transitions, en prenant des boucles dans mes morceaux et dans ceux que j’achetais, en les arrangeant en live pour créer quelque chose de nouveau… Un peu comme ce que l’on peut faire avec les stems aujourd’hui. Je m’amusais davantage comme cela plutôt que de graver des montagnes de CD ! Cette façon de jouer a d’ailleurs énormément influencé et radicalement transformé ma façon de composer d’aujourd’hui.

D’où te viennent tes inspirations ? Y’a-t-il des artistes que tu affectionnes particulièrement ?

Il y a les inspirations qui viennent de ce que j’écoute, de ce que je partage avec des amis et qui fluctue selon les saisons et les années. Je pense être assez éclectique dans ce que j’écoute même si je ne m’aventure pas vers le Hip-Hop, la variété et la pop mainstream. Pour les musiques électroniques, c’est différent ; avec les années, déformation professionnelle oblige, on devient de plus en plus pointu — pointilleux ? — dans ses choix. Après, il y a l’inspiration qui est plus proche de ce qui me définit en tant qu’individu, les racines. De ma formation musicale, j’ai gardé une structure et un esprit éclectique qui apprécie un concert de musique classique ou contemporaine, de mon enfance dans les années 80, j’ai des souvenirs de funk et de disco.

« De mon attrait pour le rock des années 60-70, je garde l’envoûtant psychédélisme, et le son vintage des Doors ou des Floyd. » Globalement, j’aime les musiques hypnotiques et contemplatives, essentielles et organiques. Par exemple, dernièrement, j’ai beaucoup aimé le dernier album de Ryuichi Sakamoto, qui fait le lien entre cette musique classique contemporaine parfois un peu hermétique et la pop music. Bien sûr, j’écoute aussi beaucoup de dub techno, de deep house et des musiques concrètes.

VØSNE pour Klark D & Lediscographe.fr
Tu as pas mal joué à l’étranger (au Brésil par exemple)… L’année dernière, tu expliquais à Felckin vouloir te remettre au live. Où en es-tu dans l’avancement de ce projet ?

Oui j’ai de très bons souvenirs de festivals au Brésil, certainement les plus gros dancefloors devant lesquels je me suis produit ! L’adrénaline de la scène et les voyages m’ont énormément apporté, mais j’en ai aussi beaucoup profité. Mes objectifs actuels m’éloignent un peu de cette vie. Je travaille à mon rythme — c’est-à-dire dès que j’ai le temps — sur mes morceaux et mon live. J’ai toujours des contacts pour jouer, mais je ne cours pas après. J’ai refusé plusieurs propositions cette année, car je ne me sentais pas encore prêt. Par le passé, je me suis rendu compte que la pression pouvait nuire à ma créativité donc je vais continuer mon petit bonhomme de chemin tranquillement. On verra si des opportunités se présentent à l’avenir.

Tu pressais des disques à une époque : d’autres sorties en vue ? Des projets en attente ?

De la même façon que pour le live, j’ai eu des demandes de morceaux au cours de l’année, mais le peu de temps que je peux y consacrer m’oblige à décliner les offres ou à allonger les délais… mais oui, il devrait y avoir des sorties dans un futur relativement proche. Je travaille en ce moment sur un remix pour un label néo-zélandais…

« Ce sera une étape de plus pour faire grandir le nom Vøsne. »

Je crois savoir que tu es retourné au Japon cette année ? tu peux nous en dire plus ? Une tournée à venir ?

Oui d’ailleurs j’ai pu étrenner mon nouveau live pour la 1re fois là-bas en juin. C’était une soirée privée de l’organisateur qui m’a fait venir pour la 1re fois au Japon en 2003, et qui est devenu un ami proche. J’ai toujours beaucoup de connexions là-bas et j’y vais régulièrement… C’est un pays fantastique !

Ton home studio étant vraiment impressionnant, je me demandais : tu t’occupes de tout par toi même ? de la création sonore, jusqu’à la distribution ? Tu as ton propre label ?

Effectivement, ça fait aussi souvent partie du « package promotionnel » que de gérer son propre label, car cela amène du réseau, mais je préfère m’occuper uniquement de la création sonore. J’ai fait tourner un petit label de Minimal il y a dix ans avec deux autres amis, c’était une bonne expérience, mais je ne souhaite pas la renouveler. Déjà, c’est du temps, et je pense qu’il faut une fibre et une envie que je n’ai pas ; faire beaucoup de relationnel, écouter beaucoup de morceaux et puis toute la partie business avec la distribution, la promo, etc.. Ce n’est pas/plus pour moi. Je préfère me consacrer à la création. D’autant qu’il existe des solutions alternatives plus directes avec Bandcamp par exemple. J’aime assez cette philosophie du « local », relation directe producteur-consommateur, sans intermédiaire(s). Je regarde ça de loin pour l’instant, mais à terme je pourrais y sortir mes morceaux.

Fut un temps où les labels payaient des avances sur le morceau qu’ils achetaient. Avec l’arrivée de Beatport et du téléchargement, tout a changé. Après dix ans de carrière, je gagnais moins avec un morceau que lorsque j’ai commencé. C’était plus de la visibilité — due à la renommée du label et à sa fan base — que tu gagnais, et je pense que c’est toujours le cas.

« Deep grooves for Hypnotic Lovers »

VØSNE
C’est vrai, les temps sont durs actuellement… le numérique n’arrange pas cette situation ! Et en ce qui concerne la photographie, les podcasts, ainsi que le management, c’est pareil ?

Oui.

YouTube est un média au potentiel énorme ! Crois-tu qu’à terme, cette plateforme prendra encore plus d’importance dans les choix de diffusion des producteurs, DJ, et autres compositeurs qui s’activent sur la toile ? Et pour les réseaux Soundcloud & Mixcloud, qu’en penses-tu ?

Je passe de plus en de temps sur YouTube, dans les transports, quand je travaille, etc. C’est un moyen de diffusion et de partage puissant, l’ergonomie est simple et les algorithmes fonctionnent bien : j’y découvre quantité de morceaux, podcasts, tutoriels, etc.. Avec, pour la musique, la petite touche visuelle qui est parfois essentielle. J’y avais ouvert un compte il y a une dizaine d’années pour y mettre des vidéos de tournées et de concerts passés, mais sans plus… surtout avec ma bande passante « moisie de l’époque » qui prenait toute une nuit pour uploader une vidéo !

J’ai dépoussiéré ce compte il y a deux ans quand j’ai commencé mes premiers jams. Je devais avoir cinq abonnés. J’ai eu le sentiment de repartir de zéro en présentant mon travail sur YouTube sans même un nom de projet, mais c’était sans aucune pression ni prétention. J’avais déjà des comptes Soundcloud de mes anciens projets depuis des années, mais rien n’a pris aussi rapidement que sur YouTube. J’en ai été agréablement surpris et les retours positifs sont une grande source de motivation.

Évidemment, c’est devenu un formidable relais de mon travail et je ne peux que souhaiter que la plateforme prenne de l’importance, surtout quand tu vois les difficultés dans lesquelles se débat Soundcloud… Le « côté visuel » en matière de musique prend de plus en plus d’importance sur les réseaux sociaux… c’est indéniable !

Aussi, sur lediscographe.fr on adore parler matos ! Peux-tu nous décrire ton setup ? Tu utilises énormément de machines…

Ça tombe bien, moi aussi j’adore parler chiffons^^ ! (Lol) Ces dernières années, ont été excitantes pour les home-studistes, avec le retour en force du développement des machines hardware. Paradoxalement, j’ai musclé mon studio à mesure que je sortais de la scène musicale professionnelle. Cela faisait partie avant tout d’un désir de changer la façon « statique » de composer : copier des blocs audio et écrire des lignes midi à la souris avait fini par me lasser. Je voulais quelque chose de plus vivant que de rester derrière un clavier azerty. C’est surtout vrai lorsque des amis musiciens viennent au studio pour composer avec moi. Cette méthode de travail prend alors tout son sens, chacun pouvant utiliser son instrument ou sa machine, comme dans un groupe. L’émulation est plus rapide et c’est un vrai plus créatif.

Ce studio est très pragmatique et s’est construit progressivement autour de mes besoins. Chaque machine a son utilité et trouve son espace dans mes productions. Bien sûr, on peut toujours en rajouter ad vitam, notamment en ce qui concerne le traitement du son, mais on fait avec les moyens du bord et globalement, j’ai aujourd’hui tout ce qu’il me faut pour produire la musique que j’aime et pour la jouer en live.

J’utilise un PC avec lequel je fais tourner Ableton Live pour jouer des loops et enregistrements et une carte son RME Fireface comme interface. J’ai une Elektron Octatrack qui est un sampler/séquenceur, avec laquelle je séquence tous mes synthés analogiques : un Moog Subphatty, un Vermona Perfourmer mkII, un Sequential Prophet 6 et un DSI Prophet 12. À côté de ça, j’utilise une Acidlab Bassline 3 qui est un clone de la TB 303, un Korg Volca Keys et deux boites à rythmes : la Tempest et l’Analog Rytm. Tout ce petit monde va, soit vers la carte son directement, soit vers une console Mackie où l’ensemble peut recevoir des effets Roland (Space Echo) et Strymon en insert (Timeline et Bigsky) avant de retourner dans la carte son. Pour l’enregistrement, j’utilise un magnéto à bande Revox b77 en sortie directe dont j’apprécie particulièrement le rendu chaleureux et vintage du son.

Excellent setup et très belle description de son fonctionnement ! Je suis fan ! Une préférence pour le Hardware ou le software ? Plutôt analogique ou numérique ? (puisque tu utilises les deux technologies…)

Effectivement j’utilise les deux et les deux ont leurs caractéristiques propres et leur utilité. Les plug-ins et autres VST ont fait énormément de progrès ces dernières années. En software, j’aime beaucoup Reaktor (chez Native Instrument). J’utilise aussi les reverbs et effets de bonne facture de ma vieille Powercore (TC Electronics).

Et oui la PowerCore c’est une tuerie à ce qu’il paraît (et assez peu connue finalement dans mon coin…). En temps qu’artiste, quelle est ta vision de la musique électronique en 2017 ?

J’ai été surpris du renouveau de la scène française ces dernières années, c’est assez incroyable.

Il y a dix ans, tout était annulé tout le temps et beaucoup de personnes se sont découragées, aussi bien chez les organisateurs que dans le public. C’était assez morose… Aujourd’hui une nouvelle génération a pris la relève et c’est très bien. Ça donne un peu l’impression de revivre l’insouciance des années 90. D’ailleurs beaucoup de DJ rejouent sur platines les vieux titres de ces années-là. Les presses à vinyle repartent. C’est peut-être le signe que cette musique arrive à maturité et fait partie du paysage, comme le rock avant elle.

Espérons ! Avant-dernière question : comment as-tu trouvé le nom de scène Vøsne ? c’est très original !

Aujourd’hui c’est devenu de plus en plus compliqué de trouver un nom disponible. J’ai mis un bon bout de temps à le choisir. Ça se prononce « Vone » (S muet) : ça vient de mon attrait pour le vin et Vosne-Romanée étant l’un des plus fameux domaines de Bourgogne… de plus, ça commence par V comme mon prénom (Vincent) et je trouvais ça assez graphique et agréable à l’oreille. Pour l’anecdote, après avoir arrêté mon choix, une amie d’origine russe est venue me dire que « vo sne » se traduisait par « en rêvant ». J’ai trouvé que c’était une heureuse coïncidence !

Intéressante coïncidence ! Pour conclure, quel conseil pourrais-tu donner à quelqu’un qui souhaiterait débuter dans la musique électronique Underground ?

Rester fidèle à soi-même et à sa musique, au-delà des courants et des modes.

Et ce sera le mot de la fin ! Je tenais à te remercier encore une fois Vincent, pour le temps que tu as octroyé à cet entretien, c’était très instructif, et carrément passionnant. Un réel plaisir^^ ! Quant à vous, les lecteurs du Discographe, je vous dis à très vite je l’espère, sur LeDiscographe.fr !

Tu as aimé cette interview ? Alors, je t’invite vraiment à la partager autour de toi et surtout, à t’inscrire à la newsletter, car elle te donnera accès, tout au long de l’année, à de nombreux contenus supplémentaires en totale exclusivité^^ ! Pense également à me suivre sur Facebook, Instagram & Twitter, ainsi que sur le Chanel YouTube officiel du blog LeDiscographe.fr. Peace !

Klark D pour LeDiscographe.fr

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    3 Comments

    • Reply
      Goretek
      janvier 2, 2020 at 2:17 pm

      J’adore ce YouTuber…. et du coup aussi ce producteur ! Musique sublime avec Vosne !

      • Reply
        Klark D.
        janvier 8, 2020 at 3:21 pm

        Yes ça claque son style ! et ces vidéos… moi perso je suis fan de ouf !^^

    • Reply
      verybudspark
      avril 4, 2020 at 11:19 am

      Ouais il assure le Vosne ! Good Job !

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